DRH : le livre noir by Amadieu Jean-François

DRH : le livre noir by Amadieu Jean-François

Auteur:Amadieu, Jean-François [Amadieu, Jean-François]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Seuil
Publié: 2016-01-04T00:00:00+00:00


Médailles en chocolat ou augmentation de salaire ?

« Pour être heureux dans la vie et au travail, le niveau du salaire n’est pas déterminant. » On a formé des armées de managers à l’idée qu’il ne fallait pas forcément augmenter les rémunérations pour impliquer et motiver les travailleurs. L’essentiel étant de reconnaître le travail bien fait en félicitant les exécutants, de donner des ordres en douceur, de conférer un sens au travail, et que les salariés s’accomplissent personnellement. Au fond, les gens marcheraient aux sentiments : une tape dans le dos vaudrait mieux que des euros supplémentaires à la fin du mois. Un ouvrage à succès du management explique que ce sont l’honneur et le don de soi qui animent les grands capitaines d’industrie comme les salariés140. Ce ne sont pas les incitations financières qui feraient courir dirigeants et exécutants. Ce qui deviendrait important, c’est d’être simplement gentil et empathique. Ces messages ont été pilonnés et le sont encore. Ce que l’on a appelé « l’école des relations humaines » n’en finit pas de formater les esprits en offrant une inespérée justification à la modération des salaires et du partage du profit.

Pourquoi les rémunérations des plus riches, en particulier des dirigeants, augmentent-elles pour atteindre des niveaux toujours plus élevés, alors que leur travail, passionnant, devrait plutôt amener à un plafonnement des gains ? Curieusement, ceux qui ont les jobs les plus valorisants et qui s’accomplissent dans leur travail ont tout de même une obsession : gagner davantage. Cette préoccupation est telle que depuis vingt ans des records de hausse ont été battus, finissant par émouvoir un peu. À l’évidence, CEO américains et P-DG du CAC 40 ne se contentent pas vraiment de tapes dans le dos et de médailles en chocolat remises par leurs actionnaires !

À en croire certains, les ouvriers ne seraient pas, comme on le croit naïvement, intéressés par de meilleurs salaires. Moyennant un peu de brosse à reluire, ils pourraient bosser plus. Pour nous en convaincre, les promoteurs de cette idée s’appuient sur une étude des années 1920, constamment enseignée jusqu’à aujourd’hui aux futurs managers : les expériences menées à la Western Electric. Un effet miraculeux aurait été mis en évidence : l’« effet Hawthorne », du nom de l’usine où se déroule l’étude. En un mot, les ouvrières d’une usine d’assemblage de téléphone ont subitement travaillé davantage, uniquement parce qu’on s’est occupé d’elles (en les étudiant, dans ce cas précis). Et puis elles auraient formé une équipe bon enfant, soudée par l’expérience vécue. On comprend le message : il suffit de montrer aux travailleurs qu’on s’occupe d’eux et, comme par enchantement, ils travailleront plus. Le problème est qu’il n’y a jamais eu d’« effet Hawthorne » ; il est désormais établi que les chercheurs ont manipulé les faits pour arriver à leurs conclusions. Pour doper la productivité des ouvrières, on choisissait de très jeunes filles récemment immigrées devant faire vivre une partie de leur famille et on n’hésitait pas à les licencier si elles ne produisaient pas suffisamment.



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